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Phénomène prostitution: quelles approches ?

Phénomène prostitution : quelles approches ?
La prostitution, phénomène social de caractère universel, existe dans presque tous les pays, plus spécialement dans les grandes villes d’Europe, d’Amérique et d’Asie.
Depuis les plus anciennes civilisations, le rôle ou la représentation sociale des personnes prostituées était toujours tempéré entre répression et tolérance.
Actuellement, à l’aube de l’an 2000, l’ère du Sida, des hépatites B et C, au nom de la santé publique, un besoin impose des approches adaptées et modernes auprès des personnes prostituées.
La répression a déjà largement montré l’inefficacité de la politique puritaine et abolitionniste, au nom de la morale et des bonnes moeurs. L’approche de la prostitution doit être laïque, pertinente, intelligente et moderne.
Aujourd’hui, les experts sont de plus en plus convaincus de « gérer » le phénomène prostitution en analysant les circonstances, en essayant de comprendre les causes qui amènent les personnes à se prostituer.
La répression amène les personnes prostituées à travailler dans des endroits retirés où règne l’insécurité comme les cimetières, les portes cochères des immeubles, dans des bois obscurs, ce qui amène à un état de clandestinité et de marginalisation encore plus extrême pour les personnes prostituées avec des conséquences graves pour la Santé Publique et pour la sécurité des personnes.
La politique abolitionniste et répressive a derrière elle un bel exemple d’inefficacité non seulement au sens de l’abolition de la prostitution mais aussi des programmes de réinsertion sociale mal adaptés, soutenus par des élans puritains et défenseurs de la morale.
Les associations abolitionnistes sont devenues ironiquement, une entrave à la réinsertion sociale et à la prévention du VIH et des MST. Ces associations vont à contre-courant des actions à caractère social et sanitaire qui ne se basent pas sur la morale religieuse mais sur la laïcité et la pertinence d’analyse des phénomènes sociaux qui offrent des interventions de proximité et des programmes d’insertion sociale adéquates et modernes.
L’amalgame perfide et intentionné entre prostitution, pédophilie, trafic d’enfants, trafic des blanches, est très tendancieux.
Luttons contre la pauvreté, l’illettrisme, l’inégalité des droits, l’accès inéquitable à la santé. Là, déjà, nous aurons beaucoup moins de prostituées dans les rues. Combattons les personnes qui exploitent les prostituées (qui ?) Elles connaissent les vrais proxénètes ( ils ont changé de visage). Arrêtons de les réprimer et de les humilier en criant vade retro à tous ceux qui sont catalogués hors normes. Pour combattre le sexe ou le harcèlement sexuel avec les mineurs, appliquons le code pénal. Les enfants sont des victimes et la France a signé le Traité de Stockholm. Que les personnes qui font du tourisme sexuel dans le seul but de draguer des mineurs soient jugées selon cette loi.
Pour le trafic de femmes entre les pays riches et les pays pauvres, il faut tout simplement avoir le courage de lutter contre la mafia et non persécuter les prostituées ; avoir des programmes internationaux d’aide économique aux populations en précarité à cause de la guerre ou instabilités politiques.
Pour les prostitué(e)s toxicomanes, ne serait-ce pas plus intelligent de demander aux responsables politiques plus de place dans les traitements de substitution méthadone et Subutex avec un suivi social mieux encadré et un soutien du réseau ville-hôpital plus dynamique ?
Pour les prostitué(e)s exploité(e)s par des hôteliers peu scrupuleux, ne serait-ce pas plus juste de donner l’égalité des droits au bail à toutes les personnes prostituées ou non prostituées ?
Pour les transgenders (transsexuels et travestis) prostitués, une politique objective et concrète pour la prise en charge de ces personnes (services d'État, suivi hospitalier constitué par des personnes compétentes et formées sur la discordance du genre et du sexe). Cela éviterait que la majorité des T.T. se retrouve sur le trottoir.
Pour cela il faut agir dès maintenant pour casser l’inertie et l'incompétence de nombreux fonctionnaires qui ne font qu’aggraver la situation des personnes prostituées.
Il faut des programmes bien réfléchis conjointement avec les ONG et surtout avec les prostitué(e)s mêmes pour le bien-être social et au nom de la SANTÉ PUBLIQUE.
Dr Camille CABRAL Article de CDT N°7.
www.caritig.org/cdt/numeros/cdt7/camille_cabral.html

 

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