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Les inégalités sont-elles nécessaires au progrès?

 

Provocateur, non ? Pourtant, c’est la thèse de John Rawls * selon laquelle les inégalités socio-économiques sont justes si et seulement si elles produisent, en compensation, des avantages pour les membres les plus défavorisés. Partant du fait que, dans une société de totale égalité, la productivité risquerait d’être si basse que tout le monde, y compris les plus défavorisés, serait lésé, John Rawls préconise au contraire une société d’inégalité dans laquelle un petit nombre peut obtenir des avantages supérieurs à la moyenne à la condition expresse que la situation des moins favorisés soit par là même améliorée. Ce qui exclut deux sacrifices : le sacrifice des plus défavorisés au nom de l’efficacité économique, ce qui revient à la condamnation du «libéralisme sauvage » ; le sacrifice des plus favorisés au nom de la justice sociale, ce qui équivaut au rejet du « socialisme autoritaire ».
A ce « principe de différence », John Rawls en ajoute un second, celui « d’égalité des chances » qui permet à chacun de bénéficier des mêmes chances que son voisin d’accéder à diverses fonctions et positions sociales.
L'auteur est confronté au problème récurrent des sociétés modernes, et tout particulièrement aux Etats Unis où la liberté des uns voisine avec la grande inégalité de traitement des autres, celui du conflit entre égalité et liberté, la liberté individuelle et la justice sociale. Partant du postulat ( à mon sens abusif NDLR ) que chacun de nous est logiquement tenté de choisir un principe qui le favorise en fonction de sa situation personnelle, John Rawls imagine une situation hypothétique où "personne ne connaît sa propre situation dans la société ni ses atouts naturels, c'est pourquoi personne n'a la possibilité d'élaborer des principes pour son propre avantage". Ce "voile d'ignorance" rend possible "un choix unanime d'une conception particulière de la justice", puisque des partenaires rationnels ignorant ce qui les différencie "seront tous convaincus par la même argumentation".
Sur cette base, Rawls énonce une série de principes (Cf. supra) et notamment le "principe d'égale liberté" qui garantit des libertés et des droits égaux pour tous.

Didier Martz **

* John Rawls (né en 1921) est un philosophe américain, professeur à Harvard, dont la Théorie de la Justice (publiée en 1971) a renouvelé la réflexion sur l’éthique du libéralisme. Son livre a eu un retentissement considérable.

** d'après un article de Jacques Lecomte, journaliste scientifique, paru dans Philosophies de notre temps, éditions Sciences Humaines

 

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Texte recueilli par Olivier Boussard