C'est quoi mon phaeton ?

 

L'histoire 
d'un particulier rémois qui hérite d'une voiture attelée et qui recherche son 
histoire. Quelquefois, un objet nous interpelle. Le posséder ne suffit pas. On 
veut savoir d'où il vient, qui l'a fabriqué. Surtout quand il s'agit d'un objet 
unique, manufacturé. Après avoir passé sa jeunesse avec un cheval 
comme animal de compagnie puis fréquenté les centres équestres 
( certains disent les clubs d'équitation) Mr Boussard est cavalier, il 
entretient son cheval chez lui, dans un box à proximité d'une grande 
pâture et est président d'une association locale ( les Cavaliers de Saint-Thierry 
) et se passionne pour l'attelage, il a participé à de nombreuses compétitions 
régionales , bien souvent avec des attelages qu'il a fabriqué lui-même. Voici 
ce qu'il nous en raconte:
"Ayant retrouvé une voiture attelée 
chez un brocanteur de Chantilly, je désirais connaître la petite histoire de cette 
voiture à la peinture vieillie mais encore en état de rouler. La restauration 
s'est limitée à changer les planchers, regarnir le dossier en conservant le crin 
de bourrage et la repeindre. C'est grâce aux chapeaux de roue qui portent le nom 
du carrossier « Deiber Frères La Broque» que j'ai pu contacter M. Simon de l'Essor. 
Je le remercie de m'avoir répondu. Trouver le nom d'un type de voiture est délicat. 
Des ouvrages en décrivent et des musées en exposent. « Phaëton Napoléon III » 
pourquoi pas ! Tous les Phaëton ont quatre roues et furent construits en un grand 
nombre de modèles différents dès la fin du 18° siècle. Et puis c'est un nom évocateur 
de la mythologie grecque : Phaëton, fils du dieu soleil Hélios, conduisait le 
char de son père. L'Histoire raconte que ses chevaux s'emballèrent tant qu'ils 
mirent le feu à la terre avant qu'on pût les arrêter ! Mais, ce peut être tout 
simplement une « wagonnette », très utilisée au 19° siècle. Elle servait au transport 
des voyageurs qui pouvaient emporter leurs bagages en raison de l'importante place 
qu'elle offrait. On accède à l'arrière par une portière à poignée de bronze et 
un solide marchepied forgé. Peut-être avait-elle des sièges latéraux en vis à 
vis. C'est une voiture confortable sur les chemins grâce aux quatre ressorts «elliptiques» 
ou « pincettes » sur lesquels sont montées la caisse et la coquille. Le dossier 
cintré à balustres, allège beaucoup cette voiture rustique. A noter également 
des roues avant pour tourner à angle droit, pratiquement sur place. Le système 
de freinage, actionné par une manivelle permet de serrer progressivement deux 
sabots de fer à semelles de bois contre le bardage métallique des roues arrière. 
Le bon roulage est assuré par l'essieu, du système dit « essieu patent à huile 
» inventé en 1787 par l'anglais John Collinge. Avec ce véhicule de campagne, on 
peut atteler de multiples façons : un cheval, une paire, en arbalète et à quatre 
chevaux. Aujourd'hui, la voiture des Frères Deiber ne sort que par beau temps, 
sur les bons chemins de Champagne. Elle promène aussi le Père Noël à la grande 
joie des enfants défilant dans les rues des villages. Et nous, rêveurs, contemplons 
peut-être dans le ciel les belles constellations du Cocher et du Chariot, non 
loin desquelles plane Pégase, le cheval ailé." 
 Bernard BOUSSARD. 
Les précisions de Mr Simon:
Un carrossier à La Broque
"La famille Deiber était venue s'installer à Vipucelle fin du 18° siècle, rue de Fréconrupt. C'était
une entreprise familiale aisée et bourgeoise. Comme carrossier de nombreuses calèches
furent confectionnées dans ses ateliers et après la guerre 14/18 Monsieur Deiber
abandonna le métier pour se reconvertir dans les sabots. Ses filles étaient très
coquettes. Durant la guerre on pouvait les voir arracher les pommes de terre,
mais avec les gants du dimanche. Monsieur Deiber se faisait aussi aider par le
forgeron Diller qui habitait à côté. La « Boisellerie», atelier de confection
de caisses de bois fut l'oeuvre de Monsieur Deiber. Sur la place à Vipucelle il
fit ériger à ses frais un nouveau Christ, l'ancien étant abîmé par le temps et
les voituriers. Sa famille repose au cimetière de La Broque."

Article réalisé par: Mr Bernard Boussard,
enseignant retraité à Reims (école Charles Arnould) et Mr Jean Simon, association
l'Essor BP32 - 67131 Schirmeck , tel. 03 88 47 17 28 qui a pu retrouver l'histoire
du
fabricant de la voiture attelée.
Mise en page:Olivier Boussard (www.reims-web.com)